Présentation de la traduction arabe de La forma dell’acqua d’Andrea Camilleri
Université Libanaise – New Rawda, Département de Langue Italienne, Centre de Langues et de Traduction
À l’occasion du centenaire de sa naissance, l’Institut culturel italien de Beyrouth rend hommage à Andrea Camilleri — qui ne fut pas seulement un conteur, mais un véritable bâtisseur de mondes, un interprète du bassin méditerranéen, un inventeur de langues — par la présentation de la traduction arabe de son premier roman mettant en scène le commissaire Montalbano, La forme de l’eau.
Cette traduction, réalisée par Rami Tawil et publiée par la maison d’édition libanaise Dar El Saqi, sera présentée par l’éminent écrivain et critique littéraire Professeur Hassan Daoud, qui animera ensuite un échange avec le public.
Le titre du roman porte en lui une métaphore universelle : l’eau, élément insaisissable, sans contours fixes, mais indispensable à la vie. Dans le récit, elle devient image de la vérité — changeante, fluide, insaisissable — qui épouse sans cesse de nouvelles formes. C’est là toute l’essence du roman noir méditerranéen de Camilleri : une littérature qui dépasse l’énigme policière pour sonder les zones d’ombre, les contradictions et les ambiguïtés de la société.
Au Liban, cette symbolique se révèle d’autant plus éloquente. La Sicile de Camilleri n’est jamais une île close, mais un carrefour, une frontière où la présence arabe a laissé des traces profondes dans la langue, la culture et les traditions. Sa langue hybride, mêlant italien et dialecte sicilien, résonne avec l’expérience linguistique de ceux qui naviguent entre l’arabe classique et ses innombrables variantes.
Présenter La forma dell’acqua au sein de l’unique faculté nationale de traduction et d’interprétation n’est donc pas un hasard, mais un acte de reconnaissance : le roman de Camilleri, à travers l’arabe, devient patrimoine partagé, démontrant que les histoires, à l’instar de l’eau, franchissent les frontières, se métamorphosent et s’enrichissent sans jamais se perdre.